samedi 27 janvier 2018

LES ADOS DÉLAISSENT LE TABAC 
AU PROFIT DU CANNABIS, «PLUS SAIN». 


Aussi accessible que le tabac, mais jugée «meilleure au goût», moins «dangereuse» et «plus saine», l’herbe de cannabis a une image positive et «dédramatisée» auprès des adolescents. C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). «L’initiation au cannabis est vécue comme une expérience positive, contrairement à la première cigarette», a expliqué à l’AFP Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’OFDT et auteure de l’étude menée entre 2014 et 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 200 jeunes âgés de 13 à 18 ans.

« Dénormalisation massive du tabac »
Cette génération d’adolescents, qui a grandi avec l’interdiction de la vente de cigarettes aux mineurs et sa consommation dans les lieux publics, associe au tabac une image «résolument négative», liée à «la mort et la souffrance», note l’étude, consultée par l’AFP. Cette «dénormalisation massive du tabac» auprès des collégiens et lycéens, qui ne fait plus de la cigarette «un passage obligé» de la sociabilité, s’est accélérée avec la hausse de son prix depuis le début des années 2000, souligne Mme Obradovic.
Le cannabis, «moins cher et presque aussi facile à trouver en pratique» selon les jeunes interrogés, est perçu comme «un produit naturel, bio, moins chimique» sous forme d’herbe, laquelle est «plus rassurante en terme de composition» que la résine, qualifiée de «pneu» ou de «dégueulasse», poursuit l’auteure. L’étude, qui souligne «l’omniprésence» de l’alcool, du tabac et du cannabis dans l’entourage des jeunes, s’est également penchée sur le facteur religieux, notamment chez les jeunes musulmans, face à la multiplication des incitations à consommer ces substances psychoactives.

48% des jeunes de 17 ans ont déjà consommé du cannabis
«Pour certains, ces incitations sont trop fortes et ils développent des stratégies de dédoublement ou de minimisation pour garder à leurs yeux une image de respectabilité. Ils sont dans un vrai conflit intérieur», observe Ivana Obradovic. La chercheuse note que les jeunes sont «demandeurs de repères et de techniques d’autorégulation» et suggère qu’une politique de prévention leur fournisse «des outils pratiques, des seuils», à partir desquels ils pourront déterminer si leur consommation est «normale ou excessive».
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