APRES COVID. “ON EN A MARRE, ON CHANGE DE CAP” :
LE CORONAVIRUS LES A FAIT CHANGER DE VIE.
FAITES LE MÉNAGE DANS VOS LOGIS ET DANS VOS VIES.
Ce quotidien financier belge a recueilli les récits de ceux que le confinement a fait sérieusement cogiter. Ils ont décidé de transformer leur vie : parfois radicalement, comme cette famille qui a choisi de se lancer sur les routes d’Amérique latine. Parfois simplement en réorientant leur carrière, ou en déménageant.
Le 21 juillet 2022, Aurianne, Christophe et leurs trois enfants s’embarqueront dans un camion aménagé, direction l’Uruguay. Pendant un an, ils sillonneront les routes d’Amérique du Sud pour terminer leur périple au Mexique, avant de traverser les États-Unis pour reprendre le bateau à Halifax, au Canada. C’est ce qu’ils ont décidé durant leurs deux mois de confinement. Ils en ont parlé des soirées durant, à la table familiale. Ils ont pesé le pour et le contre, ils ont lu des blogs, récolté des témoignages.
“On veut changer tout, de langue, de culture, sortir des sentiers battus, aller vers l’inconnu. Je ne sais même pas si on reviendra un jour en Belgique”, nous raconte la jeune maman de 37 ans.
Peut-être qu’on s’établira ailleurs. Tout est possible. Mais ici, en Belgique, on se sent à l’étroit.”
La jeune femme laisse passer un blanc. Un long moment de réflexion, à l’image de ceux qu’elle a vécus pendant ces derniers mois. “La Belgique, c’est un petit pays, avec des petits esprits”, poursuit-elle sans ambages.
Pour Aurianne, le confinement a été un déclencheur. Une sensation d’étouffement, une envie de grands espaces, là où les gens ne sont pas les uns sur les autres. Pas comme en Belgique. “Ce qui m’a marquée pendant ce confinement, c’est le manque de respect. La crise, je l’ai trouvée plutôt bien gérée par les autorités publiques. Le problème n’était pas là. Le problème, c’étaient les gens qui ne respectaient pas les consignes, notamment sur les masques. Je voudrais offrir plus d’ouverture d’esprit à mes enfants que ce qu’ils auront ici, en Europe.”
Aurianne et Christophe ne sont pas des têtes brûlées. La jeune femme et son mari sont des pros du camping et des trips sac à dos. Le couple avait déjà réfléchi à cette possibilité de larguer les amarres. Un doux rêve. “Ce qui me freinait alors, c’était l’idée de se retrouver confinés, car la vie sur la route dans un camion, c’est un peu cela. Et puis, l’école pour les enfants aussi, comment allait-on faire ?”
Le couple a alors rangé son idée dans sa boîte à rêves. Pour la ressortir durant ses soirées d’isolement. “On s’est rendu compte que vivre à cinq, repliés sur nous-mêmes, cela se passait super bien. Pareil pour l’école à la maison. C’était une de mes grosses craintes, j’ai fait travailler les enfants deux heures tous les matins, et ça allait très bien.” Pour ce jeune couple, le confinement a fait office de test grandeur nature. Et de déclencheur. Puéricultrice et décoratrice d’intérieur, Aurianne a stoppé toute activité professionnelle pendant cette période, et ne s’y remettra pas. Comme des tas de mamans à l’arrêt, elle a beaucoup pâtissé durant son confinement. “Pour tout le quartier même”, rit-elle. Alors, si d’aventure le couple reprend malgré tout pied en Belgique, Aurianne fera de son nouveau hobby son nouveau job. “J’irai suivre une formation à l’Ifapme [un institut public de formation en Wallonie]. Physiquement, je ne suis de toute façon plus apte à reprendre mon job, j’ai fait une triple pancréatite post-accouchement l’an dernier. Je suis fort affaiblie.”