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  Christine Rousseau Aujourd'hui à 9:27 Vous vous êtes abonné John Fitzgerald Kahlooni Jr. Aujourd'hui, j'attends que l'huma...

mercredi 7 octobre 2020

Octobre 2020. Tout commença à Marseille, quand:

 

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Octobre 2020. Tout commença à Marseille, quand un groupe de cafés autour du vieux port décida de rester ouvert malgré l'interdiction préfectorale. Leur méthode était simple : Quand la police arrivait pour en fermer un, il fermait. Pas de discussion, pas de résistance. Et les clients allaient dans le bar suivant. Quand la police fermait le suivant, il fermait. Pas de discussion, pas de résistance. Et les clients allaient dans le suivant, pendant que le tout premier re-ouvrait ! Au bout de 5 jours, la mécanique avait pris tout le centre. Il n'y avait plus assez de police pour fermer quoique ce soit, sans compter que le système se répandait en France comme une traînée de poudre.
Les clients, ravis de ce petit jeu, découvraient de nouveaux bars, de nouveaux voisins, se passaient le relais d'heure en heure tandis que des curieux se mêlaient au jeu spontanément. Même les touristes étrangers, éparpillés çà et là dans la ville, trouvaient le jeu très original. Les américains l'appelaient le "prohibition game" ! Les cafetiers étaient devenus maîtres dans l'art de fermer rapidement boutique, et de rouvrir aussi vite. Une diplomatie chorégraphiée s'était mise en place avec les forces de l'ordre : "mais bien sûr monsieur l'agent, nous comprenons, on veut juste travailler, mais nous fermons immédiatement, Allez HOP tout le monde dehors !".

Pendant ce temps l'épidémie suivait son chemin hivernal sans augmenter ni décroître. Mais cette révolte burlesque avait créé une brèche dans le système si fermé imposé à tous. Sans énerver personne, les cafetiers avaient soudain le soutien de 83% de la population et même les forces d'intervention ne trouvaient aucun argument pour charger ou gazer, puisque les gens se dispersaient sans discuter. Quelques taverniers étaient bel et bien arrêtés et emmenés, mais le relais était prévu et immédiat. Le relais était d'ailleurs l'un des éléments phares de la mécanique installée : lorsque les forces de l'ordre revenaient sur le bar N°1, elles n'y trouvaient pas le patron de la première incartade, mais un autre ! Son fils le plus souvent, qui, bien désolé, comme son père, acceptait de fermer immédiatement sans discuter. Les amendes pleuvaient mais le mouvement avait généré une cagnotte bien suffisante pour payer les prunes.
Plus cette ronde folle devenait populaire, plus les animateurs d'émissions TV se rangeaient de leur côté. Bon, il y avait bien eu, les 7 premiers jours, des tentatives de provocation pour déclencher des tensions et des gestes agressifs. Mais ça n'avait pas pris, les cafetiers avaient prévu le coup et donné des consignes strictes : on obtempère, on bouge vite, on ne parle pas. Les médias avaient tenté de créer une assimilation "gilets jaunes" pour initier une angoisse chez les auditeurs, mais rien n'y faisait. Les cafetiers ne revendiquaient rien d'autre que le fait de pouvoir ouvrir leur lieu et travailler. Pas de hausse de salaire, pas de blocage x ou y, pas de théories anti-libérales ou tirées par les cheveux. Ils avaient un discours simple et neutre, et très répétitif : on veut travailler. Même les extrémistes décérébrés de twitter, amoureux du chaos et du crachat systématique ne savaient plus quoi poster. Tout le monde attendait un clash, l'incident, qui décrédibiliserait le mouvement. Mais non, rien. Comme ils avaient tous le même discours en interview, court et limpide, aucun chef ne surgissait, qui aurait pu canaliser les processus de mise en haine médiatique. Non. Jeannot du Café du port, Hortense du Joyeux Pêcheur, Suzanne du Goéland, Piotr du Perroquet Buveur, disaient tous la même chose, calmement, comme une litanie : on veut juste ouvrir et travailler.
Tout en haut à Paris, on tentait la thématique du "cluster marseillais", les complotistes avançaient même que des agents kamikazes de l'état, auto-covidés étaient envoyés à Marseille pour contaminer les révoltés et créer rapidement des statistiques alarmantes. Mais la révolte avait dès le départ, joué sa carte maîtresse, sans que personne ne la vit posée : le temps. Les cafetiers savaient que si elle fonctionnait, leur révolte serait courte. Il suffisait de tenir 10 ou 15 jours, pour que tout le monde commence à développer une sympathie certaine pour les taverniers du vieux port, réalise qu'aucun cataclysme épidémique ne ravageait la Canebière, et finalement, s'amuse à voir ces séquences loufoques où la police courait d'un lieu à l'autre, y perdant un temps fabuleux, tandis que les badauds prenaient un verre en face. Un jeune cinéaste local avait même lancé un drone au dessus des rues et filmé les va-et-vient de la police de bars en bars en aller-retours chaotiques. Il avait ensuite accéléré la séquence vue du ciel et ajouté une musique de cirque. Des millions d'internautes la virent, et l'Europe se mit à parler du "great French tourniquet" en riant de plus belle. A Bruxelles au Parlement, les Allemands brandissaient des verres en plastiques aux délégués français puis faisaient mine de partir en courant en éclatant de rire !
Le 20 octobre, soit 12 jours après le début de celle qui fut appelée la "Révolte des Cafetiers", le préfet des Bouches du Rhône annonça que les bars pouvaient ouvrir à nouveau, les chiffres épidémiques étant satisfaisants. Le petit jeu du chat et de la souris pu donc s'arrêter, tranquillement, comme il avait commencé. Certains cependant le regrettèrent et continuèrent à y jouer quelque temps, zigzagant entre 2 ou 3 cafés ! Une expression même, circule encore aujourd'hui : "aller prendre un verre en face" qui signifie : désobéir à l'ordre imposé.
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Bon lundi à tous 🦉

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