jeudi 16 mai 2019

La mystérieuse «planète X» serait plus proche que prévu du Soleil


La mystérieuse «planète X» serait plus proche que prévu du Soleil

La mystérieuse «planète X» serait plus proche que prévu du Soleil
Les orbites étranges d'une dizaine d'objets très lointains laissent penser qu'une neuvième planète encore inconnue et très massive se cacherait dans les confins du Système solaire. Mais un tout petit peu moins loin que prévu initialement, d'après de nouveaux travaux de synthèse parus en ce début d'année.


Le temps passe mais le mirage ne s'estompe pas, ou à peine. Une neuvième planète orbiterait bel et bien autour de notre Soleil dans les confins gelés du Système solaire, bien au-delà de l'orbite de Neptune. Et on ne parle pas ici des débats récurrents et enflammés sur le statut de Pluton, ex-neuvième planète déchue de son rang en 2006. Non, nous parlons bien ici d'une planète complètement nouvelle, un objet encore inconnu, aussi massif que lointain. Deux études parues en ce début d'année ont confirmé une nouvelle fois que l'existence de cette hypothétique «Planète X» ou «Planète 9» était en effet hautement plausible.
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Rappelons d'emblée que celle-ci n'a encore jamais été observée, même furtivement. Ce sont les orbites étranges d'une dizaine d'objets lointains du Système solaire, parfois très penchées, presque perpendiculaires au plan de l'écliptique, ou très étirées, la plupart du temps dans le même sens, qui semblent trahir la présence de cette géante.
Mike Brown, à gauche, et Konstantin Batygin, à droite.
C'est en 2016 que Konstantin Batygin, un jeune modélisateur de génie, et Mike Brown, qui en découvrant Eris en 2005 allait précipiter la chute de Pluton, font ce constat. Les deux chercheurs du Caltech estiment à cette époque qu'il n'y a qu'une chance sur 10.000 pour que six astéroïdes lointains soient par hasard positionnés sur le même type d'orbites très allongées, toutes étirées peu ou prou du même côté.
L'affaire avait alors fait grand bruit. Il faut dire que c'était la première fois que des travaux sérieux appuyaient cette hypothèse d'une planète «manquante», tapie dans l'obscurité. Ce scénario de science-fiction était jusque là réservé aux théories ésotériques évoquant la possibilité qu'une planète, appelée dans ce contexte Nibiru, puisse provoquer la fin du monde en venant percuter la Terre. De nombreuses prophéties en ce sens ont été formulées, sans jamais se réaliser. Si elle existait vraiment, la mystérieuse «Planète X» ne représenterait d'ailleurs aucun danger pour nous, a priori.
Depuis trois ans, de nombreux scientifiques étudient ainsi les objets lointains orbitant sur ces trajectoires inhabituelles pour vérifier ou affiner la prédiction de leurs collègues. On dénombre aujourd'hui entre 10 et 15 astéroïdes de ce type (il existe de grosses incertitudes sur la trajectoire de certains objets, ce qui explique cette fourchette).
Les orbites étranges des astéroïdes qui trahiraient la possible présence d'une neuvième planète (orbite jaune).
Batygin et Brown ont repris leurs calculs à la lumière de ces nouvelles données et ont publié leurs résultats en février dans The Astronomical Journal. Les chances pour que cet agencement curieux soit un pur hasard ne sont plus que d'une sur 500. «Cette probabilité n'est pas aussi spectaculaire que la précédente, mais elle reste suffisamment petite pour que ce soit intrigant», souligne Renu Malhotra, spécialiste de ces objets lointains à l'université d'Arizona. D'après Mike Brown lui-même, «cette analyse ne nous permet pas de dire que la Planète 9 existe avec certitude, mais cela montre que cette hypothèse repose sur des bases solides.»
Dans un deuxième article au long cours de plus de 90 pages (!) paru la semaine dernière dans Physics Reports, co-écrit avec deux chercheurs de l'université du Michigan, Fred Adams et Juliette Becker, les deux astronomes ont par ailleurs produit la synthèse la plus complète à ce jour sur la planète potentielle. Ils affinent ainsi quelques chiffres. Celle-ci pourrait se situer quelque part entre 400 et 800 unités astronomiques du Soleil (une unité astronomique définit la distance moyenne qui sépare la Terre du Soleil et vaut un peu moins de 150 millions de km). C'est un peu plus proche que le millier d'unités astronomiques évoqué en 2016. Son orbite sera un peu plus circulaire que prévu. Son excentricité serait comprise entre 0,2 et 0,5 (une excentricité de 0 correspondant à un cercle, une excentricité de 1 correspond à une parabole ouverte).
Les différentes planètes du Système solaire, à l'échelle.
Quant à sa masse elle serait comprise entre 5 et 10 masses terrestres. C'est un peu plus petit que prévu. «À cinq masses terrestres, la Planète 9 s'approcherait de la catégorie des superTerres que l'on a découvert en dehors du Système solaire», comment Konstantin Batygin. «C'est le chaînon manquant de la formation planétaire dans le Système solaire. Ces dix dernières années, la traque des exoplanètes a révélé que les planètes de ce type étaient très communes autour des étoiles similaires à notre Soleil.» Si elle existe, la Planète 9 pourrait ainsi nous offrir la fenêtre d'observation la plus proche sur ces objets.
Depuis 2016, les campagnes pour tenter de détecter la Planète 9 se sont multipliées, mais il est très délicat de déterminer où elle se situe exactement sur son orbite, et donc de déterminer où pointer les télescopes. Ces nouvelles estimations de distance et de taille laissent néanmoins penser qu'il ne faudra pas plus de 10 ans encore pour la découvrir, si elle existe, bien sûr.
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