Errance celtique, médiéval, fantaisie,...
Les premiers adeptes de la technologie dans la Rome antique avaient des cadrans solaires portables.
Un petit gadget peut vous faire paraître intelligent, riche et à la pointe de la technologie, sans pour autant remplir sa véritable fonction.
Nous sommes au IVe ou au Ve siècle et vous êtes un Romain riche et cosmopolite qui fait du tourisme à travers l'empire, ou peut-être un voyageur en fauteuil roulant qui reçoit des amis instruits à dîner. Que pourriez-vous sortir pour impressionner vos compagnons ? Une bonne option serait un cadran solaire géographique portable, le plus proche d'un iPhone pour les Romains.
Ces cadrans solaires étaient conçus pour donner l'heure en déplacement, mais il s'avère qu'ils excellaient vraiment en tant que gadget élégant. Nombre d'entre eux étaient en bronze brillant, ils tenaient confortablement dans la main et il fallait de réelles connaissances techniques pour les utiliser correctement. On en connaît aujourd'hui une douzaine d'exemplaires, chacun accompagné d'une liste de coordonnées permettant d'utiliser l'appareil à des endroits précis.
Il s'agit d'un outil puissant, plus d'un millénaire avant le GPS, les horloges atomiques ou même un moyen pratique de déterminer la longitude. "Si le soleil brille, vous emportez avec vous un gadget ou un instrument portable qui vous appartient, un objet très personnel, et vous pouvez supposément compter sur lui pour vous indiquer l'heure", explique Richard Talbert, historien à l'université de Caroline du Nord, qui a écrit un nouveau livre sur ces appareils, intitulé Roman Portable Sundials (Cadrans solaires portatifs romains).
Les Romains de l'Antiquité ne mesuraient pas le temps en heures de 60 minutes, mais divisaient la lumière du jour et l'obscurité en 12 incréments chacun, un système qu'ils avaient adopté des Égyptiens. À Rome, une heure correspondait à 45 minutes en hiver et à 75 minutes en été. Les heures auraient régi les réunions, les cours et les dîners, mais pas d'une manière aussi soigneusement structurée que celle que nous connaissons aujourd'hui.
"Ils ne prenaient pas de rendez-vous et s'impatientaient lorsque vous aviez 15 minutes de retard", explique Alexander Jones, conservateur de l'exposition "Time and Cosmos in Greco-Roman Antiquity" à l'Institute for the Study of the Ancient World de New York, qui explore la relation des anciens avec le temps. La plupart des cadrans solaires n'étaient pas détaillés au-delà des heures, note Denis Savoie, astronome spécialisé dans les cadrans solaires.
Mais le temps était au cœur de l'obsession des Romains pour l'astrologie, qui faisait de certains jours ou de certaines heures des moments prometteurs ou inquiétants pour certaines activités. Des centaines d'inscriptions funéraires indiquent à l'heure près l'heure ou l'âge du défunt au moment de sa mort. Le temps comptait, même si ce n'était pas pour les trains ou les feuilles de temps.
Cela explique en partie la popularité des cadrans solaires - plus de 500 ont été découverts, dont 36 rien qu'à Pompéi, précise M. Talbert. La plupart de ces cadrans étaient en pierre et installés là où ils devaient être utilisés, car les cadrans solaires doivent être calibrés en fonction de la latitude.
Les modèles portables, semblables à des montres de poche, offraient une plus grande liberté, permettant à leurs propriétaires de voyager tout en conservant un semblant d'heure, mais ils étaient soumis à davantage de contraintes, et pas seulement en termes de prix. Elles fonctionnaient par tranches d'une demi-journée, et il fallait donc savoir si le soleil se levait ou se couchait, ce qui pouvait s'avérer difficile à déterminer à la mi-journée. Ils indiquaient les latitudes de destinations populaires et de lieux exotiques, mais rien ne garantissait que la liste corresponde réellement aux mesures contemporaines. (En revanche, il était possible de régler manuellement le cadran sur la latitude de son choix). Ils perdaient de leur précision en été et en hiver et lorsqu'ils étaient transportés plus au nord. Et bien sûr, il fallait savoir comment utiliser les petits éléments réglables. Cela fait beaucoup de "si" dans le monde réel", dit Jones. Un avantage : il n'était pas nécessaire de savoir quelle était la direction du nord.
Il existe plusieurs modèles. Dans l'un d'eux, l'utilisateur tournait un disque plus petit à l'intérieur d'un disque plus grand pour indiquer la latitude, tournait un pointeur sur le disque plus petit pour indiquer le mois, puis suspendait l'appareil face au soleil pour projeter une ombre sur les marqueurs horaires du pointeur. Pour un autre modèle composé de trois anneaux imbriqués, l'utilisateur inclinait l'anneau horizontal le plus proche en fonction de la latitude, puis faisait tourner l'ensemble de manière à ce qu'un rayon de soleil puisse passer à travers un trou d'épingle pour atteindre les marqueurs des heures. (Ce modèle était également pliable pour une meilleure portabilité).
Les cadrans solaires réglables sont des objets complexes à étudier car beaucoup sont des orphelins archéologiques, trouvés au hasard ou redécouverts dans des réserves. Ils sont universellement difficiles à dater : ils reposent sur des siècles de travaux mathématiques et astronomiques, mais ne peuvent être datés au carbone ou sur la base d'objets trouvés à proximité. Elles doivent être plus récentes que la méthode concise d'écriture de la latitude utilisée dans les clés de localisation, qui a été mise au point au cours du deuxième siècle. Près de la moitié des listes mentionnent Constantinople, ce qui signifie qu'elles ont dû être inscrites après 330.
L'exemplaire présenté ici est conservé au Ashmolean Museum situé à Oxford, en Angleterre.
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