JOSÉ BOVÉ : «NOTRE-DAME-DES-LANDES
SERA UN VRAI LABORATOIRE FONCIER DU XXIE SIÈCLE».
Mère a été assassiné et Auroville pas mal détourné de sa destination première, mais le temps n'était pas encore venu.
* Article à ce jour
Quarante ans après le Larzac, l’abandon de l’aéroport est un nouvelle victoire contre les grands projets. Mais le député européen regrette la faible prise en compte de l’environnement parmi les décideurs.
José Bové : «Notre-Dame-des-Landes sera un vrai laboratoire foncier du XXIème siècle»
Figure de la lutte du Larzac, l’eurodéputé José Bové livre ses réflexions sur l’avenir du site de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), des autres «grands projets inutiles», et sur l’action du gouvernement.
Vous vous êtes beaucoup impliqué dans la lutte contre NDDL…
Ma première rencontre avec les paysans de Notre-Dame date de 1973. On a une histoire commune. Ils ont créé un groupe de résistance à l’aéroport en 1972, puis sont montés sur le Larzac quand nous avons organisé notre marche contre le projet d’extension du camp militaire. Nos échanges n’ont jamais cessé depuis. J’ai écrit aux médiateurs nommés par le gouvernement en juin pour étudier une dernière fois le projet de NDDL et ses alternatives, puis je les ai rencontrés. Pour leur dire qu’en cas d’enterrement de l’aéroport, il fallait proposer un projet de territoire concret, sur le modèle de ce que nous avons fait sur le Larzac après l’abandon de l’extension du camp par François Mitterrand en 1981. Cela a été introduit dans leurs conclusions.
Peut-on vraiment reproduire l’expérience du Larzac à NDDL ?
Les outils juridiques utilisés là-bas sont applicables à Notre-Dame. La gestion collective du Larzac, sur 6300 hectares , fonctionne depuis trente-trois ans et a été renouvelée par l'Etat jusqu’en 2084. Mais on ne peut pas faire de copier-coller, ce n’est ni le même territoire ni la même époque. Le projet tel qu’il sera défini sur place, et ce n’est surtout pas à moi de le définir, sera spécifique à Notre-Dame, ce sera son histoire propre. Nous sommes en l’an 1 de Notre-Dame, ça démarre aujourd’hui. C’est passionnant. Comment sortir d’une résistance, se projeter dans l’avenir ?
C’est dur, ça prend du temps. Il y aura des conflits, comme partout, comme il y en a eu aussi sur le Larzac. Il y a des gens très différents, certains sont là depuis longtemps, d’autres pas, certains jouent collectif, d’autres sont plus individualistes. Il faut faire cheminer cette nouvelle famille, ensemble. Les repas de famille ne sont pas toujours marrants, tu as toujours un vieil oncle chiant, donc il y aura toujours des sujets qui fâchent. Mais la lutte a construit un nouvel espace. Maintenant, il faut le faire vivre et tu ne peux plus t’en prendre à personne, c’est toi-même qui dois trouver les règles du jeu. Et ça c’est génial, c’est des moments merveilleux. Notre-Dame sera un vrai laboratoire foncier du XXIe siècle, un laboratoire du bocage, qui sera différent de celui du Larzac.
Qu’y aura-t-il de nouveau ?
Dans les années 80, sur le Larzac, on ne se posait pas comme aujourd’hui la question des cabanes ou d’autres types d’habitat léger comme les yourtes. On ne se demandait pas non plus comment gérer les pelouses sèches, quand faire pâturer pour que les orchidées puissent pousser, cela n’a pas été défini en amont mais c’est arrivé après, au fil de la prise de conscience écologiste. Aujourd’hui, la prise en compte de la zone humide et de la biodiversité de Notre-Dame favorise une solution globale, une gestion collective de cet espace.
On en arrive à la question, majeure, du partage des usages de la terre, de l’eau… C’est nouveau. Beaucoup parlent des communs, mais c’est une notion fermée qui ne peut pas rendre compte de la complexité des choses, il faut plutôt parler des droits d’usage. C’est un vrai débat de fond qui peut paraître très théorique mais en fait est très concret. La réalité ce n’est pas les communs, mais l’usage que tu en fais, comment tu définis puis lies les différents usages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire