LE CHASSEUR DE PÉDOPHILES
MARCEL VERVLOESEM NOUS A QUITTÉS.
Le militant belge anti-pédophilie Marcel Vervloesem est mort le 22 janvier 2018 dans la maison de sa fille à l’âge de 65 ans. Figure de proue de l’association Werkgroep Morkhoven Nationaal, cet ancien enquêteur privé n’aura eu de cesse de dénoncer la pédocriminalité de réseau et les violences faites aux enfants. Il fut notamment à l’origine de la divulgation des CD-Rom de Zandvoort.*
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Mouvement de lutte contre la pédophilie :
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*Zandvoort, le fichier de la honte - Karl Zéro
En 1989, Marcel Vervloesem aidé de quelques habitants et amis de sa commune de Morkhoven (Belgique) décide de créer l’association sans but lucratif Werkgroep Morkhoven Nationaal afin, dans un premier temps, de lutter contre les violences infligées aux enfants de l’hôpital psychiatrique d’Anvers, le Algemeen Kinderziekenhuis Antwerpen Good Engels.
De par son expérience professionnelle, Marcel Vervloesem s’intéresse déjà de près aux enfants fugueurs et disparus. Très vite, son attention se porte sur une autre association située près d’Anvers et dédiée, officiellement à l’encadrement des mineurs : l’ASBL Ganumèdes. C’est en fait une association paravent qui permet à des pédophiles d’attirer très facilement de nombreux enfants vers eux pour les exploiter ensuite dans des tournages pédo-pornographiques. Alertée dès 1990 par l’association Morkhoven, les autorités belges réfuteront dans un premier temps ces accusations avant de mettre fin définitivement en 1996 aux activités de l’ASBL Ganumèdes suite à une saisie pour impayés par un huissier de justice au domicile du président de cette association : cette saisie permettra de découvrir fortuitement les preuves vidéos et photos.
En 1992, en poursuivant son enquête sur l’environnement de cette association, le Werkgroep Morkhoven met à jour un trafic d’enfants entre le Portugal et la Belgique (entre Madère et Temse). À Temse, Marcel Vervloesem identifie deux plaques tournantes : les cafés Monty et Gayati. Il décide de faire pression sur les proxénètes des deux cafés pour obtenir d’eux plus d’informations. Le propriétaire du Monty, Dirk Tahon, tente alors de retourner la situation à son avantage en portant plainte contre l’ancien détective privé pour chantage. Marcel Vervloesem sera ainsi poursuivi, incarcéré quinze jours et finalement condamné pour chantage et escroquerie grâce, notamment, à la production du casier judiciaire d’un homonyme (Dirk Tahon reconnaîtra par la suite, devant une journaliste, qu’il avait produit un faux témoignage pour protéger l’un de ses amis).
Alors que la justice belge possède de nombreux éléments pour enquêter sur le réseau « Temse-Madère », aucune investigation n’est menée pour identifier les criminels apparaissant sur les cassettes. Marcel Vervloesem décide donc de diffuser pour identification publique l’un des visages présents dans le dossier. Très vite, des retours permettent d’identifier Robert Van Der Naaten, un pédophile hollandais qui « balance » Norbert De Rijck et remet à Vervloesem et aux journalistes qui l’accompagnent une cassette intitulée Madeira.
En 1997, Vervloesem remet aux policiers portugais une copie de l’enregistrement en prenant bien soin d’être filmé par les journalistes pour médiatiser l’affaire. Cinq ans après les premières révélations à la justice belge, les autorités portugaises se décident à poursuivre les membres du réseau « Temse-Madère » en lançant des mandats d’arrêts internationaux. Sous la pression médiatique, la justice belge reconnaît officiellement l’affaire. De nombreux pédophiles sont arrêtés et 340 victimes sont identifiées dans ce dossier.
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Sur les traces de Manuel Shadwald, un enfant allemand disparu en 1993, Marcel Vervloesem et son association enquêtent de près sur le Berlinois Lothar Glandorf, patron du bar Le Pinocchio qui figure dans le dossier « Temse-Madère » : l’établissement est suspecté d’être spécialisé dans le proxénétisme de jeunes garçons. Lothar Glandorf se ferait assister dans ses trafics entre la Hollande et la Belgique par Robbie Van Der Plancken, un ancien fugueur belge qui apparaît sur la cassette Madeira. Lors d’une confrontation directe et filmée avec Vervloesem, Van Der Plancken le met sur la piste de son amant : un pédophile hollandais du nom de Gerrit Ulrich. Celui-ci assure depuis son appartement à Zandvoort (une station balnéaire sur la mer du Nord située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Amsterdam) la diffusion commerciale de matériel pédophile au travers de son site internet nommé Apollo. En se rendant sur place le 11 juin 1998 et en faisant pression sur lui, Vervloesem obtient qu’il lui remette un premier CD ROM de 8 500 photos pédocriminelles allant jusqu’à des viols de bébés et la mise à mort d’enfants : c’est ce qu’on appellera par la suite le « CD de Zandvoort ».
Gerrit Ulrich décide alors de prendre la fuite : il est assassiné en Italie le 29 juin 1998 par Robbie Van Der Plancken. Avant sa mort, il aura eu le temps de contacter par téléphone Vervloesem pour lui indiquer une cache de son appartement qui dissimule d’autres documents. Sur les lieux, Marcel Vervloesem récupère vingt autres CD et découvre que des agents des services de renseignement hollandais l’ont précédé. L’association Morkhoven a désormais en sa possession plus de 100 000 photos. La justice hollandaise qui a récupéré de son côté entre 100 000 et 200 000 autres photos identifiera plus tard 472 visages dont une vingtaine de victimes françaises.
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